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Salgado "région du lac Faguibine", Mali, 1985.

 

Sebastiao Salgado

Photographe brésilien né en 1944, marié, 2 enfants, vit à Paris.
Il a lui-même migré vers la France pour fuir la dictature du général Branco.
Après une maîtrise d´économie à Sao Paulo, il obtient un doctorat en économie agricole à Paris.
Ensuite il travaille au ministère des finances au Brésil, puis dans une entreprise de café à Londres.
1973: il décide de devenir photographe et intègre les agences Gamma et Magnum.
Il s'intéresse alors à la banlieue parisienne, à l' Europe et à l' Amérique latine.
1984-1985: avec MSF, il reste plusieurs mois au Sahel
Après cela il fait "La main de l'homme", sur le travail manuel dans le monde.
1994: avec sa femme Lélia, il fonde "Amazonas Images", pour promouvoir lui-même son travail de photographe.
De 1994 à 1999, il réalise 36 reportages sur les migrations.
1998: avec Lélia, crée "Terra", un institut pour le reboisement de la forêt brésilienne de la côte atlantique.
Puis travaille avec l'OMS et l'Unicef sur l'éradication de la poliomyélite.
2004-2012: "Genesis", recueil dédié à la nature, aux paysages, aux animaux.

Biographie détaillée

 

 

Démarche

- s'investit dans des projets à long terme
- s'immerge dans le milieu qu'il photographie, afin d'avoir une connaissance précise des gens et des lieux
- travaille souvent avec des ONG
- analyse approfondie de son travail

 

Thèmes

- l'instabilité de la situation des peuples
- les migrations, les flux, les déplacements des peuples
- le traitement des maladies
- les gens modestes, aux conditions de vie difficiles
- la relation de l'homme son territoire, à la nature, la détérioration de cette relation
- la beauté du monde naturel

 

Style photographique

- utilisation exclusive du noir et blanc
- cadrages, compositions, choix du point de vue très réfléchis, pensés
- images souvent très saturées ou au contraire très sobres
- grande sensibilité au ciel, à la lumière naturelle, aux atmosphères
- goût pour des effets de profondeur, de perspective
- réalise les prises de vue avec un appareil numérique, puis retravaille les images sur ordinateur pour leur redonner une texture, un grain, comme sur du papier
 

Vocabulaire spécifique

plan d'ensemble - contre-plongée - hors-champ - dénuement - famine - sécheresse - ONG - MSF - OMS - Unicef
 

"Région du lac Faguibine", Mali, 1985

Cette photo est extraite du recueil "Sahel", publié en 1985 au profit de MSF. 

 

Le contexte

En 1984 et 1985, une sécheresse exceptionnelle s'abat sur le Sahel, obligeant les gens à fuir leurs villages pour survivre. 
Salgado accompagne alors MSF pendant plusieurs mois pour témoigner de ce drame; le bénéfice de la vente du recueil "Sahel" sera même reversé à MSF.

 

La photo

Très courtes, les ombres portées indiquent que le soleil est encore très haut dans le ciel, donc très chaud.
Occupant la moitié droite de l'image, la femme et les deux enfants qui l'encadrent symétriquement semblent ne former qu'un seul être, donnant l'impression de l'unité, de la cohésion d'une famille face à la misère.
Ce plan d'ensemble est pris en contre-plongée, ce qui grandit un peu les personnes, leur confère plus de dignité, met le spectateur à la hauteur d'un enfant, nous rend humbles.
Leurs regards sont dirigés soit vers le sol, soit en arrière, mais jamais vers l'avant, ce qui renforce la sensation de ne pas savoir vers où ce groupe avance.
Le contraste entre les gens (qui ont besoin de vivre) et le paysage (où n'émerge aucune trace de vie) est accentué par le contraste de valeurs, car les gens sont gris foncés et la paysage gris très clair.
On remarque aussi ce qui manque, ce qu'il n'y a pas et qu'il devrait y avoir lors d'un déménagement, même sommaire: des sacs, des vivres, des objets personnels... 
L'idée de dénuement se retrouve aussi dans la nudité des enfants et le vide du paysage, accentué par l'utilisation du noir et blanc qui transforme les couleurs du sable et du ciel en un seul  et unique gris clair, uniforme, vide, sans profondeur, tout juste ponctué à l'horizon de petites taches grises que l'on ne peut même pas identifier: il s'agit vraiment d'un voyage vers l'inconnu, l'incertain...
Certes, l'alignement des individus vers le lointain crée une certaine profondeur dans la photo, mais le point de fuite se trouve alors hors-champ, c'est-à-dire encore dans le vide...